Journée Internationale des éco-gardes 2018. Parc National de la Salonga : 31 juillet, une journée pour honorer l’engagement des éco-gardes
Au nombre d’environ 300, les éco-gardes du Parc National de la Salonga (PNS) sont chargés de faire respecter les lois concernant la protection de l’environnement, ainsi que de lutter contre le braconnage dans le Parc, dans un contexte périphérique de pauvreté et de difficulté d’accès à l’activité économique, malgré les efforts engagés depuis plusieurs années pour créer de nouvelles activités génératrices de revenus, sensibiliser les populations et améliorer les services sociaux.
La superficie du PNS (33.350km²) ainsi que sa forêt particulièrement dense et marécageuse ne facilitent pas leur travail. Toute l’année, les rangers du PNS patrouillent à pieds comme en pirogues ce territoire sans route mais plus grand que la Belgique afin de lutter contre la chasse pour la viande de brousse, contre les grands braconniers équipés d’armes de guerre pour abattre les éléphants afin de recueillir leur ivoire ou encore pour endiguer la pêche illégale.
En 2017, les équipes du PNS avaient ainsi parcours quasiment 25.000km à pieds ou en pirogue en 189 patrouilles, la plupart durant environ 15 jours. Les éco-gardes effectuent également des patrouilles dites mixtes avec des éléments des Forces Armées de la RDC afin de bénéficier d’un appui militaire, sur des patrouilles pouvant parfois durer plusieurs mois dans les zones les plus reculées du Parc.
Malgré les risques présents (traversée de marécages, animaux dangereux, altercation avec les braconniers, malaria, chutes d’arbres…) et des moyens et équipements encore limités, les éco-gardes du PNS restent motivés dans leur mission et contribuent, comme leurs homologues de tous les autres parcs dans le monde, à protéger dans leur cas la faune et la flore en République Démocratique du Congo.
Enclavé au coeur de la RDC, joyaux de l’humanité, le Parc National de la Salonga fait respirer le 2e poumon de la planète qu’est le Bassin du Congo, après la forêt amazonienne. Les rangers du parc, par leurs actions journalières, contribuent à maintenir un écosystème varié et riche en biodiversité, permettant entre autre de lutter contre le réchauffement climatique.
A l’heure où les discussions et les engagements peinent à se traduire parfois en résultats concrets pour la lutte contre le changement climatique et sur les actions à entreprendre pour protéger la nature, les éco-gardes du PNS sont l’avant-garde concrète et engagée de la protection de l’environnement.
Que la journée du 31 juillet les honore!
Monsieur Ikomboli, pouvez-vous vous présentez en quelques mots ?
Je suis le premier colonel Richard Ikomboli Loninga. J’ai 35 ans, je suis né à Monkoto, je suis marié et père de 3 enfants et je suis garde à la Salonga.
Que pouvez vous nous dire du Parc national de la Salonga (PNS) et depuis quand y travaillez-vous ?
Le Parc national de la Salonga est un Parc dont la superficie est plus grande que celle de la Belgique, avec un peu plus de 33.000km². Dans l’équipe, nous sommes quasiment 300 écogardes, répartis en 6 stations. Je suis moi-même au PNS depuis 4 ans.
Quelles sont vos motivations dans le travail d’éco-garde ?
J’aime cette mission parce qu’elle me permet de protéger la nature ainsi que les animaux. Elle a également du sens en ce que mes enfants pourront toujours avoir l’occasion de voir les animaux quand ils seront plus grands.
Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?
Il y a plusieurs choses : J’aime les bonnes relations avec les camarades éco-gardes, réaliser des patrouilles pour assurer la protection les animaux, et mettre en place des tactiques et camouflages pour arrêter les braconniers.
Quels sont les plus grandes difficultés dans votre métier ?
Le problème d’équipements car nous n’en avons pas assez, entre autres nous n’avons pas suffisamment de tenues, de sacs à dos et de bonnes chaussures pour pouvoir être encore plus opérationnels durant les patrouilles. Par ailleurs, on est face à des dangers avec les braconniers et également certains animaux dangereux (serpents, guêpes…).
Une anecdote pour finir ?
En avril 2016 j’ai effectué une patrouille de 3 mois avec les collègues des FARDC ( Forces Armées de la République Démocratique du Congo), dans la zone de la rivière Lukengné. Nous avons échangé des tirs contre 15 braconniers et avons réussi à en arrêter 2, avons récupéré 6 armes de guerre ainsi que 4 calibres 12. Nous avons également arrêté 3 jeunes femmes qui étaient avec eux pour acheter de la viande de brousse. Nous étions fiers d’avoir réussi à arrêter ces activités illégales.