Diplomatie de conservation avec les gorilles de montagne comme ambassadeurs
Au mois de mai de cette année, les drapeaux des trois pays étaient posés devant leurs délégations respectives alors que se tenaient les négociations et décisions finales sur la formulation du document du traité même. Alors que les négociations étaient graves, les personnes présentes dans la salle assuraient la poursuite du dialogue avec l'aide de traducteurs professionnels, se rappelant les uns les autres de garder en vue l'esprit de l'accord à chaque fois que des divergences d'opinion sur la formulation menaçaient de faire dérailler le processus.
J’ai été le témoin privilégié des dernières étapes de cette diplomatie de la conservation qui ont conduit au traité désormais signé en tant que Directeur de l’IGCP, et je suis inspirée par tous les hommes et les femmes à tous les niveaux, depuis le personnel des parcs jusqu’à la société civile et aux institutions gouvernementales qui ont contribué au niveau atteint maintenant par la collaboration transfrontalière et à tout ce que le traité nouvellement signé permettra de réaliser dans les années à venir.
À certains moments, franchement, cela signifiait un risque politique et même personnel de faire en sorte que la coordination transfrontalière des activités de conservation et de protection ait lieu alors qu’elle n’était pas un concept très populaire ni bien compris. IGCP a développé notre niche en aidant les praticiens sur le terrain ainsi que les bureaux centraux à faciliter la coordination transfrontalière dans cet environnement incertain, permettant la tenue des patrouilles coordonnées le long de la frontière internationale commune qui divise l'habitat des gorilles au sein de trois parcs distincts dans trois pays voisins. Au fil du temps, notre rôle a changé et continue de changer, du fait que la collaboration transfrontière du Grand Virunga (GVTC) devient une institution pleinement formalisée. Il est tellement gratifiant de voir ce processus se dérouler et la conservation transfrontalière du Paysage du Grand Virunga s’institutionnaliser de manière solide et durable.
Les activités coordonnées au niveau de la base et leur contribution à ce qui est considéré comme un succès par la population croissante de gorilles de montagne, a nécessité le développement d'un arrangement officiel et institutionnalisé pour renforcer leur légitimité et créer un environnement favorable pour le personnel sur le terrain. Maintenant, ce traité une fois ratifié par toutes les parties et mis en œuvre, la boucle étant ainsi bientôt bouclée, favorise non seulement la coordination des activités menées dans le passé, mais bien plus, inclut l’aménagement du paysage et l’harmonisation des politiques.
Les gorilles de montagne ont été eux-mêmes des ambassadeurs clés de ce processus, en raison de la valeur placée sur eux par les trois Etats, grâce en partie à leur forte image et au rôle qu'ils jouent dans les économies locales et nationales à travers le tourisme des gorilles. Les gorilles de montagne ont eu une place de choix dans les événements de cette semaine, tout en ne détournant pas notre attention des autres espèces tout aussi importantes et endémiques de faune et de flore dont ils sont les représentants. En outre, le rôle de la faune et de la flore ainsi que celui des écosystèmes du Paysage du Grand Virunga sur les moyens de subsistance et les économies de la région ont été bien reconnus comme faisant partie de l’élan nécessaire pour conserver ce paysage afin qu’il contribue au développement durable des populations.
Félicitations à la collaboration transfrontière du Grand Virunga, pour cette étape atteinte, en prévision des formalités restantes à accomplir et de la signature à venir par la République de l'Ouganda à côté de celles de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda.
Beaucoup d'autres étapes demeurent à franchir, le vrai travail étant sur le point de commencer ...